M. Victor Hugo se lève et dit :
« Un jour viendra où la France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France […] » (Applaudissements)
Victor Hugo, discours d’ouverture du congrès de la paix – 21 août 1849.
C’était il y a 162 ans… Deux fois l’âge de ma grand-mère ! Blague à part, ce repère temporel démontre à quel point le processus européen est long. En effet, ce discours était pertinent à l’époque d’Hugo mais, malheureusement, il l’est toujours autant aujourd’hui. Et pourtant ! Entre temps, il y a quand même eu les travaux des pères fondateurs, la CECA, la CEE, l’UE, etc. Oui mais voilà, l’Europe a aussi été frappée par deux guerres mondiales.
L’Europe est lente oui, elle est donc aussi complexe. Permettez-moi l’expression, avec l’Europe « on marche sur des œufs ». Victor Hugo voulait d’une Europe à l’Américaine, des « Etats-Unis d’Europe » espérait-il. Je ne suis pas d’accord. Selon moi, il faut une « Europe européenne ». L’Europe est particulière, elle est paradoxale, faite de guerres, de haine parfois mais aussi de paix et d’espérance, aucune comparaison ne serait fondée.
Aujourd’hui, l’Europe est en guerre économique, laissons-lui le temps d’y faire face, le processus européen est en marche, reculer serait capituler. Ces difficultés sonnent comme une alerte. C’est comme si Jean Monnet lançait l’appel « Mes fils européens, faites nous l’Europe politique », et que Sarkozy et Merkel lui répondaient, d’un ton solennel, lors d’un discours pour l’Europe : « Nous allons prophétiser le vœu de Victor Hugo », sous un tonnerre d’applaudissements.